Bonjour à toi, je m'appelle Bellatrix Riddle, née Black, mais tu peux aussi m'appeler rien du tout. On a élevé les cochons ensemble pour que tu puisses me donner un surnom ? Je ne crois pas. Il n'y a que mes soeurs qui peuvent m'appeler Bella. Pour le reste, tenez-vous en à mon prénom. J'ai 38 ans. Dans la vie je suis hétérosexuelle et actuellement mariée à Tom Riddle. Le fait qu'il se trouve présentement dans une autre temportalité que la mienne ne change rien à notre situation. Jusqu'à ce que la mort nous sépare, on a dit. On me dit souvent que je ressemble à Katie McGrath, et surtout je suis issu de Harry Potter (univers alternatif).

À l’instant même où Bellatrix Black ouvrit ses yeux sur le monde au beau milieu du mois de novembre, elle fut élevée dans la haine de l’autre. Ses parents, Cygnus Black III et Druella Rosier, étaient des sorciers au sang pur et de fervents défenseurs de cette pureté. Pas de mélange, jamais, pour préserver la suprématie de leur sang sur le monde magique qui, à leurs yeux, était mis en péril à cause de tous ces mariages loin de leurs idéaux. Bellatrix a toujours suivi aveuglément leurs préceptes, soucieuse d’assurer le prestige de leur lignée. Elle ne sera pas le seul enfant du couple : Andromeda suivra, puis Narcissa et enfin Lyria. Si les démonstrations affectives sont loin d’être le fort de Bellatrix, d’aucuns remarqueront sa préférence pour Narcissa, le soin avec lequel elle n’aborde jamais le sujet d’Andromeda depuis son mariage et le vague dédain que Lyria lui inspire depuis qu’elle a intégré les rangs de Gryffondor. En dépit de ses différends qui apparaitront au fil des années, Bellatrix mène une enfance privilégiée, sans réel accroc si on met de côté l’éducation très autoritaire, rigide et froide de ses parents. Cela ne l’empêche pas pour autant de se démarquer de ses sœurs en développant une certaine excentricité et un franc-parler déconcertant, sa marque de fabrique encore aujourd’hui.

Comme tout bon sorcier de Grande-Bretagne, Bellatrix reçoit sa lettre pour Poudlard à l’âge canonique de onze ans. Sans surprise, elle est envoyée à Serpentard, suscitant la fierté pondérée de sa famille — c’est normal après tout, c’est une Black. En dépit de sa personnalité tout feu tout flamme, très éloignée de la froideur des Black et de sa capacité à se faire remarquer pour les mauvaises raisons, Bellatrix excelle à Poudlard. Un cas atypique qui met ses professeurs dans une situation délicate : punir une très bonne élève pour ses écarts de conduite, ce n’était pas banal. Pour être tout à fait honnête, les heures de colle ne freinent pas Bellatrix dans ses incartades, au contraire. Par exemple, des rumeurs courent au sujet du fait qu’elle aurait rejoint un club de duel clandestin à l’école ou encore qu’elle participe à des expériences étranges mélangeant magie noire et potionnisme, mais jamais rien n’a pu être prouvé. À son plus grand amusement. Quatre années qui se passent sous ce rythme déjanté et dans lequel Bellatrix se complait. En revanche, sa cinquième année à l’école de sorcellerie marquera un sacré tournant dans tous les aspects de sa vie, notamment à cause d’une rencontre en particulier.

Il n’avait pas prononcé un seul mot en pénétrant dans la salle de classe dédiée au cours de Défense contre les Forces du Mal. Il n’en avait pas besoin : sa simple présence imposante par son aura intense suffisait à insuffler crainte, respect et admiration parmi les élèves. Bellatrix avait été attirée par lui tel un papillon de nuit instinctivement happé par la lumière. Elle l’avait suivi du regard jusqu’à son bureau avant que sa voix naturellement autoritaire ne tranche l’air : il soulignait la médiocrité de ses prédécesseurs tout en ajoutant que son cours ne serait pas une cour de récré où des sorts pathétiques et inutiles seront enseignés. Ils étaient dans le dur, là pour apprendre des sorts indispensables au combat, son combat qui se dessinait en filigrane dans ses propos. Il ne haussait pourtant jamais le ton, mais il y avait continuellement ce je-ne-sais-quoi de menaçant et de dangereux autant dans son attitude que dans son regard et sa voix, une sorte de colère sourde, grimpante, qui attendait dans l’ombre le moment opportun pour sauter à la gorge de quiconque. Bellatrix avait bu ses paroles, s’en était abreuvée jusqu’à la noyade et était tombée pour ce cocktail Molotov incroyablement délicieux et intriguant. Elle retint son nom qu’il inscrivit avec une calligraphie délicate au tableau dans un geste élégant de baguette. Tom Riddle. Elle avait quinze ans, lui vingt-et-un. Elle était l’élève, lui le professeur, mais ce n’était pas quelque chose qui la freinait. Certains élèves avaient remarqué son petit manège et la galvaudaient au travers de railleries. Bellatrix ne se laissait cependant pas faire (pas son genre) quand elle prenait le temps de ne pas ignorer ces idiots. Elle leur faisait payer au centuple les moqueries, gardait la tête haute, fière, digne, comme toute Black digne de ce nom. Malgré cette façade, son cœur saignait. Douloureusement. Parce que Tom ne la remarquait pas. Enfin, pas tout de suite. Bellatrix comprit vite que seuls le talent et la vivesse d’esprit suscitaient son intérêt alors, elle s’orienta dans cette voie et ses efforts payèrent. Il la remarqua, discuta avec elle. Rapidement, ils échangeaient sur ce qui fera le fondement de leur relation : la suprématie de leur sang et le combat à mener pour sa conservation. Ironique que Riddle tienne ce genre de discours au vu de sa situation. Mais Bellatrix n’en avait cure. Elle aimait les zones d’ombres qu’il entretenait, cultivant ainsi ce mystère et ce mysticisme qu’elle portait en vénération à son égard.

C’est en tout cas cette convergence d’opinion qui poussa Tom à inviter Bellatrix à le suivre en France pour étudier toutes les subtilités de la magie noire dès qu’elle obtint ses ASPICs, avec des notes globalement très bonnes, voire excellentes. Là-bas, de fil en aiguille, ils entamèrent une relation. Ne vous méprenez pas sur la nature de cette union : elle n’était pas motivée par l’amour. Du moins, pas du côté de Tom. Pour diverses raisons, il était incapable de cultiver une telle émotion. Disons que ce qu’il appréciait, c’était ce sentiment de puissance et de domination que lui inspirait la fascination de Bellatrix à son égard, pouvant la manipuler à souhait et l’user à sa guise. Leur relation était complexe, pleine de subtilités bien difficiles à dénombrer ici. Le professionnel se mêlait avec le personnel. L’ascension de Tom, ayant adopté au passage le titre de Lord Voldemort, était au centre des discussions. Quelques mois bien riches qui furent court-circuités par un événement inattendu : Bellatrix était enceinte. Si Voldemort était furieux, parce qu’il avait l’air d’être attaché au fait d’être le dernier héritier de Serpentard, Bellatrix ignorait comment appréhender cette nouvelle puisqu’elle ne s’était jamais imaginée mère. Encore moins si jeune. Ses relations avec le Seigneur des Ténèbres se tendirent, l’empêchèrent de réfléchir convenablement — comment allait-elle faire pour laisser une place à cet enfant dans leur vie si mouvementée ? Voldemort la somma de trouver une solution, mais pour la première et surtout la seule fois de sa vie, Bellatrix se dressa contre lui : elle gardera l’enfant. Point à la ligne. Parce qu’elle l’aime déjà. Parce qu’il est un prolongement de l’homme dont elle est folle au sens propre comme au figuré. Elle ne peut pas faire une croix dessus. Bellatrix taira le déchaînement de violences dont elle fut victime suite à cette rébellion. Au fil des jours, elle parvint à faire entendre raison à Voldemort en rendant l’idée d’avoir un héritier séduisante. Riddle se laissa charmer, mais un autre problème survint — cet enfant ne pouvait pas naître en bâtard. Bellatrix et lui étaient trop attachés aux traditions bourgeoises des vieilles familles au sang pur pour faire l’impasse sur ce gros point noir. Alors que Bellatrix entama son quatrième mois de grossesse, Voldemort et elle scellèrent leur union à la hâte. Leur mariage fut si expéditif qu’aucune photo de l’événement n’existait. Leur fils naquit cinq mois plus tard. Bellatrix aurait aimé conserver la tradition familiale en l’appelant d’après une constellation, celle de Corvus notamment. Or, son époux trancha pour Sebastian. Soit. Si telle était sa volonté…

Dix années s’écoulèrent. Bellatrix devait jongler entre son rôle de mangemort qui lui tenait plus qu’à cœur, l’ascension de Voldemort, son mariage de convenance et l’éducation de leur fils. Si Tom était profondément détaché de lui, Bellatrix montrait son attachement à la chair de sa chair qu’à travers la violence aussi bien physique que psychique. Chaque fois que son fils la recevait ou ne correspondait pas à l’image qu’elle se faisait du fils parfait, un châtiment corporel suivait. Elle noyait son fils aussi sous l’obsession qu’elle vouait à son père, lui ordonnant de ne jamais lui faire déshonneur, et ce dès son plus jeune âge. Elle l’élevait, ou plutôt le dressait, sans aucun amour de sorte à en faire un héritier de Lord Voldemort digne de ce nom, mais également un héritier respectable de la lignée Black. Elle abreuvait ainsi son fils de la rhétorique des sang purs dont elle avait été elle-même gavée dès son plus jeune âge, refusant catégoriquement que sa chair adhère à autre chose. Il devait filer droit, ne pas sortir du rang. Tom n’avait pas non plus la main légère, de très loin d’ailleurs, sur les châtiments infligés à leur fils à la moindre petite incartade. Dès qu’il s’agissait de le punir, le couple savait se montrer très créatif, mais surtout cruel dans son usage de la magie. Bellatrix n’intervenait jamais pour le défendre, même lorsque Lord Voldemort était injuste envers Sebastian. Parce qu’elle estimait que les actions de son époux étaient justifiées. Puis, au delà de ça, elle ne voulait surtout pas sapper son autorité auprès de Sebastian et créer des conflits entre son mari et elle. Elle faisait tout en tout cas pour que leur fils ne traine pas dans les pattes de son père et ne l’importune pas. Parce qu’il avait plus important à gérer qu’un enfant. En bref, la famille Riddle était essentiellement marquée par sa désunion, ses obsessions frisant la folie, la violence et un manque flagrant de démonstration affective. Pourtant, Bellatrix aimait son fils. Mal certes, mais elle l’aimait. En dix ans, les fois où elle lui montra son attachement pouvaient se compter sur les doigts d’une main. Il n’y avait jamais eu que Tom qui comptait, plus encore quand il atteignit son statut de mage noir redouté et redoutable.

Le quotidien de la famille bascula au terme de cette décennie à cause d’un tour de ce mystérieux chaudron. En effet, Bellatrix et Sebastian furent emmenés dans le futur, en 2013 plus précisément. Bellatrix ne montra rien, mais elle était totalement perturbée et déboussolée de se retrouver si loin de ce qu’elle avait toujours connu, notamment de son mari. Malheureusement, elle n’avait pas d’autre choix que de garder la face et de taire ses angoisses pour ne pas ternir son image autant aux yeux de son fils que pour son propre ego. La réalité les rattrapa rapidement et ne leur laissa guère le temps de s’appesantir sur leur sort lorsque le Ministère leur accorde une dérogation afin que Sebastian puisse étudier à Poudlard en dépit du changement d’époque. Alors qu’elle conservait une apparence apathique, Bellatrix eut, contre toute attente, un léger pincement aux cœur lorsqu’elle abandonna son fils sur la voie 9 3/4 la première fois qu’il prit le train pour l’école de sorcellerie. Jamais elle n’avait été séparée aussi longtemps de lui depuis qu’il était né. Ça la fragilisait en plus de ne point avoir son époux à ses côtés. Il n’aurait pas été d’un grand soutien, mais le simple fait de le savoir dans les alentours l’avait toujours tranquillisé. Elle ne montrait toujours rien, se contentant de répéter à sa progéniture d’honorer les Black durant son année scolaire et de ne point faire honte à son père surtout. Cette année-là, elle eut un geste tendre si rare qu’il méritait d’être noté : après avoir réajusté la veste de son fils pendant qu’elle lui donnait ses consignes, elle caressait très furtivement et vaguement sa joue, non sans maladresse. Puis, elle le laissa monter dans le train. Elle était fière lorsqu’elle apprit qu’il avait rejoint (sans surprise) les rangs de Serpentard et qu’il fréquentait tout un tas de sang purs. Elle était comme un coq en pâte en constatant que rien de négatif au sujet de Sebastian ne remontait à ses oreilles au cours de sa scolarité. En revanche, elle était moins sur son petit nuage quand elle apprit qu’il avait intégré l’équipe de Quidditch de sa maison au poste de batteur. Tant que cela restait une lubie, un passe-temps très secondaire, pourquoi pas. Elle déchanta en revanche quand Sebastian émit le souhait, plus tard, de faire carrière dans ce domaine. Bellatrix ne se retient pas pour cracher tout son dédain, sa méchanceté, sa condescendance, mais surtout sa violence à la figure de son fils. Ne pouvait-il pas devenir un immense mage noir comme son père, et poursuivre son combat contre la prolifération des sang mêlés un peu partout ? C’était ce qui était attendu de lui de leur part, pas qu’il se perde dans des frivolités comme le Quidditch. Elle avait honte de voir un Black, mais surtout un Riddle, plus particulièrement le dernier hériter de Serpentard s’abaisser à ce niveau de médiocrité — le Quidditch, c’était bon pour celleux qui n’avaient pas pu faire carrière dans des postes de magie pure, songea-t-elle. La dispute était si violente qu’elle aboutit sur le départ de Sebastien pour les États-Unis. Tiraillée, Bellatrix ne s’excuse pourtant pas. Bousculée, Bellatrix ne fait pourtant aucun pas vers son fils. Mais, en dépit de sa fierté mal placée et de sa fureur, Bellatrix reste, au fond, cette mère qui aime très mal son fils et qui ne sait pas le lui montrer. C’est pourquoi elle suivit sa carrière de très loin, depuis l’Angleterre, et se réjouissait, toute proportion gardée et secrètement, de ses succès.

Néanmoins, la fureur de Bellatrix se réveilla quand des bruits de couloir lui remontèrent aux oreilles au sujet de son fils et une certaine sang-mêlée dont il était apparemment très proche. Folle de rage, folle tout court, elle chercha plus que tout un moyen d’arrêter cette hérésie et cette traitrise à leur sang. Imaginez que Sebastian se reproduise avec cette saleté ! Elle était tombée sur le sort horrible et cruel du chasseur et du renard, mais il lui ressemblait si bien. Puis, le châtiment était à la hauteur de sa rage démesurée et psychotique. Dès qu’elle put, elle vogua vers les États-Unis pour trouver son fils et abattre sa malédiction sur lui. Malheureusement pour elle, tout ne va pas se passer comme prévu à cause d’un fantôme du passé entre autres, dont personne ne souhaitait le retour. Surtout pas Lord Voldemort. Les choses vont également se corser avec son fils, sa nature déviant doucement, mais sûrement vers l’incontrôlable.

De l'autre côté de l'écran ~

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