Bonjour à toi, je m'appelle Merope Riddle, née Gaunt, mais tu peux aussi m'appeler Merope. J'ai 20 ans. Dans la vie je suis hétérosexuelle et actuellement séparée de corps avec mon époux, mais encore mariée sur les papiers. On me dit souvent que je ressemble à Àstrid Bergès-Frisbey, et surtout je suis issu de Harry Potter.

Il était impossible pour Merope d’oublier le regard de son époux lors de ce jour maudit. Le bleu froid de ses iris n’était pas terni par un voile de colère ou de tristesse quand elle lui révéla la vérité. Non… Tom Sr. était plutôt terrifié. Traumatisé. « Je voulais simplement que tu m’aimes. » avait-elle balbutié avec maladresse, le visage noyé de ses pleurs tandis que lui, sous le choc, se murait dans le silence. Sa femme était une sorcière. Une sorcière qui lui faisait croire depuis presque un an qu’ils vivaient un amour sincère et pur alors que cet amour était unilatéral. Sidéré, il n’y croyait pas. Puis tout faisait soudain sens et lui donna envie de vomir. Ce n’est qu’à ce moment-là que la colère se mêla à la terreur. « Tu m’as dupé depuis tout ce temps. » avait-il conclu, sèchement, adressant un regard froid à Merope, enceinte de presque huit mois et qui se précipitait sur lui pour le prendre dans ses bras, le retenir. « Je voulais juste que tu m’aimes, Tom ! Je voulais juste… ! Reste avec moi je t’en supplie ! Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le pour notre bébé, je t’en prie ! TOM ! » Elle pleurait, l’implorait. Elle cherchait à obtenir sa pitié en tentant d’attraper sa main pour la poser sur son ventre rond qu’elle portait bas. Son mari se dégagea immédiatement de son emprise et se moquait de ses larmes. Effrayé et paniqué, il la poussait même un peu trop fort pour pouvoir s’enfuir. Merope tombait à terre dans un cri de surprise. « T’es une sorcière ! T’es un monstre ! Un MONSTRE ! » avait-il hurlé, plongé dans l’horreur de sa situation. Au sol, Merope rampait jusqu’à lui, s’accrochait à sa jambe en le suppliant de rester, de ne pas la laisser seule. « Pense à notre enfant ! Pense à lui ! » Mais Tom Sr., secoué par la peur, prit la fuite sans aucun égard pour Merope. Elle avait hurlé sa tristesse, sa frustration, son malheur en pleurant à chaudes larmes. Elle s’assit sur le sol et approcha ses mains tremblantes vers son ventre quelle caressait avec maladresse. « Je suis désolée. Pardonne-moi, je t’aime. Je suis désolée, mon bébé… » soufflait-elle, noyée sous ses sanglots, écrasée par le manteau de la solitude qui la gagnait peu à peu.

La manipulation de Merope avait été abjecte, odieuse, immorale et tout bonnement inexcusable. Or, de son point de vue à elle, elle n’avait jamais voulu faire de mal à personne, juste être aimée une seule fois dans sa triste vie. Juste une fois… Etait-ce vraiment trop demandé ?

Dès le départ, c’était mal parti pour elle. Elle naquit en 1907 au sein de la jadis prestigieuse famille Gaunt, descendante directe de Salazar Serpentard en personne, mais aussi de Cadmus Peverell le premier détenteur de la pierre de résurrection. La famille Gaunt était désormais très loin de sa noblesse d’antan et vivait comme des renégats dans une bigote à faire pâlir d’effroi n’importe qui dans le village de Little Hangleton. C’était une lignée gangrenée par la violence, les mariages incestueux qui accroissaient ce barbarisme naturel, mais aussi la démence et le sadisme dans leur sang, et qui surtout dilapida la totalité de sa fortune sans aucune raison concrète. Marvolo, son père, était un tortionnaire froid. Son frère, Morfin, en plus d’être frappé par la débilité profonde, ne valait pas mieux que leur géniteur. En revanche pour sa mère, Merope ne pouvait pas en dire autant comme elle mourut en lui donnant la vie. Ce fut probablement pour cela que Marvolo maltraita sans pitié sa fille chaque jour qu’il lui était donné de vivre. Morfin était aussi tortionnaire et sadique que son père et Merope finit peu à peu par devenir leur boniche, presque réduite en esclavage tant elle n’avait rien le droit de faire d’autres que s’occuper d’eux et de la maison. Si à l’âge de onze ans, elle reçut comme tout le monde sa lettre pour Poudlard, Marvolo refusa catégoriquement de l’y envoyer. Il jugeait que sa fille n’avait pas à s’y rendre, car trop de personnes indignes s’y trouvaient. Il n’arrêtait pas de marteler à ses deux enfants que des sangs purs de leur envergure ne devaient pas se mélanger à ses sous-races. Merope avait une baguette, mais elle ne lui servait pas à grand-chose, incapable d’utiliser la magie. Son père ne manquait jamais une occasion de rappeler à sa fille ô combien elle était faible en ne l’appelant plus que par l’horrible sobriquet de « la cracmol » avec le temps. Vivant dans une telle pression constante, la magie de Merope s’était tue, enfouie profondément dans ses entrailles. Même elle parlait très peu, se faisait toute petite, de peur d’attiser autant le courroux de son père que celui de son frère au moindre prétexte qu’elle leur donnerait malgré elle.

Merope avait su trouver une lumière au milieu de ces ténèbres. Le manoir de la famille Riddle se dressait d’un air menaçant sur les hauteurs de Little Hangleton. Ils n’avaient pas bonne réputation auprès des villageois qui les cataloguaient comme étant de riches bourgeois méprisants et snobs sans aucune raison. Puisque Merope ne pouvait pas sortir de chez elle, elle n’avait pas eu l’esprit pollué par les racontars. Alors, chaque fois qu’elle avait vu Tom Riddle Sr. passé non loin de sa maison, hissé sur son cheval, elle avait l’impression que le temps s’arrêtait. Elle n’avait jamais rien senti d’aussi doux s’immiscer dans son cœur que l’amour qu’elle ressentait pour cet homme qui la fascinait autant qu’il la subjuguait. Elle tuait le temps en s’imaginant une vie avec lui, s’échappait de la violence de sa famille en se réfugiant dans ce monde parallèle qu’elle avait créé. Mais Tom de son côté ne la regardait pas, jamais. Même quand elle faisait exprès de se promener dans les bois en même temps que lui se baladait à cheval. Il avait l’œil gracieusement mauvais et jugeait mal les Gaunt à cause de l’asociabilité de Marvolo, mais aussi des crimes de Morfin qu’il commettait contre les Moldus au village. Mais qu’importe pour Merope tant qu’elle le voyait, tant qu’elle respirait le même air que lui pendant une fraction de seconde. Elle sentit son cœur mourir le jour où elle l’aperçut à cheval en compagnie d’une jeune femme, Cecilia, tout aussi magnifique et délicieuse que lui. Elle n’avait aucune chance face à cette nymphe… Qu’importe, Merope tombait toujours un peu plus pour cet homme qui comblait ses fantasmes de vie heureuse et épanouie dans son esprit. C’était le seul endroit où elle était pleinement libre.

Son rêve vira au cauchemar lorsque son frère dénonça sa lubie à son père au cours de l’été 1925. Fou de rage, Marvolo se déchaina physiquement sur sa fille sans manquer de la couvrir d’insultes. Il fut arrêté dans sa folie par Bob Ogden, un agent du ministère de la Magie présent à ce moment-là chez les Gaunt à cause des méfaits commis par Morfin dans le village. Les deux finissent par être arrêtés et emmenés à Azkaban. Enfin libérée du joug de son père et de son frère, Merope revit. Sa magie aussi. Ce fut à ce moment-là qu’elle décida de passer à l’action avec Tom Riddle Sr, pour profiter pleinement de sa liberté. Elle concocta un philtre d’amour puissant, arriva à lui en donner d’une façon ou d’une autre et débuta très rapidement son idylle avec lui. Les parents de Tom étaient bien évidemment furieux et désapprouvèrent, mais le couple s’enfuit à Londres où ils se marient dans la foulée. Merope avait laissé une lettre à son père et à son frère, leur expliquant tout pour quand ils sortiront d’Azkaban. Puis, elle ne pensa plus jamais à eux. Son histoire avec Tom Sr. était si forte, à cause du philtre, mais le déni était si beau, que Merope ne tarda pas à tomber enceinte. Le rêve prit une autre teinte, celle des remords et des regrets, à mesure que son ventre s’arrondissait. Elle ne voulait pas de cette vie. Ce n’était pas ainsi qu’elle voulait être aimée — sous couvert d’une illusion dont elle était l’instigatrice. Ça lui avait pris huit longs mois pour révéler à son époux l’atroce et dégoutante vérité. Puis il avait pris peur. Puis il s’était enfui. Puis il l’avait abandonné…

Au cours de son dernier mois de grossesse, Merope s’enfonça dans une lente et douloureuse agonie. Incapable de s’occuper d’elle-même à cause de sa dépression qui s’installa profondément dans ses chairs, elle finit à la rue errant comme une âme en peine. Elle pleurait le départ de son époux, pleurait ses erreurs, pleurait la vie heureuse qu’elle aurait dû avoir avec lui et leur bébé… Même la naissance imminente de son enfant n’était pas suffisante pour lui donner la force de s’accrocher. Merope était démolie, condamnée aux ténèbres pour les péchés qu’elle avait commis — celui de forcer l’amour en plus de celui d’épouser un moldu. Pour survivre, elle vendit ses maigres possessions pour une bouchée de pain. Même le fameux médaillon de Serpentard partit pour pratiquement rien au moins offrant. L’année touchait à sa fin et les premières contractions arrivèrent. Le 31 décembre 1926, Merope trouva refuge dans un orphelinat, le Wool’s Orphanage, où elle donna douloureusement naissance à son fils. Son bébé dans les bras, sentant ses maigres forces la quitter peu à peu, elle demanda à ce que son fils porte le nom de Tom Riddle comme son père et de Marvolo comme son grand-père. Elle souffla au petit Tom qu’elle espérait qu’il ressemble à son père en grandissant, avant de succomber mystérieusement une heure après sa naissance, le cœur brisé, impossible à consoler tant il avait enduré au cours de cette courte vie. Merope n’avait que dix-neuf ans quand elle répondit à l’appel si doux de la mort…

C’était sans compter sur le chaudron qui la ramena à la vie, mais à une époque totalement différente de celle qu’elle avait toujours connue. Merope est décontenancée, déboussolée, le cœur toujours aussi brisé, mais elle prit cette seconde chance comme un signe. Peut-être que cette nouvelle vie sera meilleure… Peut-être…

De l'autre côté de l'écran ~

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