Bonjour à toi, je m'appelle Alexandre Armand Athos Thibaut Eudes Gauthier Vaillancourt de Blois-Avesnes, mais tu peux aussi m'appeler Alexandre, Alex ou Monsieur le Directeur. J'ai 31 ans. Dans la vie je suis hétérosexuel et actuellement happé par une jeune femme dans les attraits me perdront. On me dit souvent que je ressemble à Henry Cavill, et surtout je suis issu de Harry Potter.

La femme qui t'accueille dans cette bibliothèque d'un autre temps, aux ouvrages anciens et à la cheminée crépitante, approche du milieu de la cinquantaine. Ses cheveux blonds sont parsemés de mèches d'argent, mais ses yeux d'un bleu éclatant ont l'éclat de celle qui n'a jamais oublié de croire à la magie.
Alexandre ne va pas tarder déclare-t-elle en t'invitant d'un geste à t'asseoir dans l'un des confortables fauteuils de cuir.

Ton regard s'attarde sur un arbre généalogique, peint comme une fresque sur l'un des murs. Connais-tu l'histoire des Comtes de Blois ? te demande-t-elle. Tu l'ignores, après tout, tu ne t'y connais pas tant que ça, en moldus. Je suis historienne de la magie, explique-t-elle, il fallait bien que je me renseigne sur les ancetres de mon époux.

Elle s'assied dans le fauteuil en face de toi. Le thé ne saurait tarder, mais elle ne l'attend pas pour commencer son récit.
Le premier Comte de Blois était Guillaume d'Orléans, le titre a été créé pour lui par le roi Louis le Pieux en 832. La famille de Blois est alors très puissante. Lorsque son descendant, Hugues le Grand, devient "Duc des Francs" en 936, il confie la supervision du comté à un vassal, Thibaut l'Ancien. En 940, son fils, ami d'Hugues, devient le comte Thibaut Ier de Blois.

Une domestique fait son entrée, dépose un service à thé sur la table. Un arome délicat émane de la théière. Merci bien, Jeanne. La femme en uniforme bleu et tablier blanc s'incline légèrement avant de s'éclipser. En bonne maitresse de maison, ton hôtesse remplit ta tasse, puis la sienne.

Où en étais-je ? Ah oui, Thibaut Ier. Son descendant, Thibaut VI, dit Thibaut le Jeune, n'a qu'une fille, Marguerite de Blois. Elle devient elle-meme Comtesse de Blois à la mort de son père en 1218, et épouse Gauthier II d'Avesnes. Ils ont trois enfants : Thibaut, Marie et Isabelle.

J'ai en ma possession un livre d'histoire venu d'un autre monde glisse-t-elle sur une mine de conspiratrice. Il raconte que Thibaut serait mort très jeune, et que ce sont les descendants de Marie d'Avesnes et Hugues de Chatillon, les Blois-Chatillon, qui ont hérité du comté de Blois.

Elle sirote une gorgée de son thé. Dans notre monde, bien sur, Thibaut le Sage a vécu jusqu'à l'age vénérable de 83 ans, et il a fondé la lignée de Blois-Avesnes. Ses descendants ont survécu à la Révolution, et retrouvé leurs terres lors de la Restauration, après le couronnement de Louis XVIII.

Elle s'est levée désormais, et montre des noms, des portaits en médaillon, au fil de son récit. Et finalement, nous en arrivons à mon époux, et à mon fils. Les deux hommes se ressemblent trait pour trait, mais le premier a une mine austère, froide, tandis qu'une forme de chaleur émane du second malgré son sérieux.

Alexandre Armand Athos Thibaut Eudes Gauthier Vaillancourt de Blois-Avesnes
22 juin 1992 -      , indique la banderole de texte sous son visage.

Son père n'a pas toujours été aussi rabat-joie qu'il en a l'air sur ce portrait. Ambroise tenait à l'honneur et à la droiture, et il aimait les livres autant que moi, mais dans sa jeunesse... Il savait aussi s'amuser. Elle te fait un clin d'oeil.

Ambroise ne savait rien de l'existence de la magie, mais franchement, il l'a plutot bien pris. Nous nous sommes mis d'accord de ne rien dire à sa mère. La vieille Hortense en aurait sans doute fait une attaque. Dans l'intimité de la bibliothèque de ce chateau qu'elle a depuis longtemps fait sien, Lindsey oublie étiquettes et protocoles ; une oreille attentive pourrait meme distinguer l'ombre d'un accent de Liverpool dans son français autrement proche du natif.

Elle s'est rassise près de toi, et te parle sur le ton de la confidence. "Madame Vaillancourt" n'a jamais approuvé notre union. "Une roturière venie d'on-ne-sait-où par-delà les mers, voyons Ambroise, imagine le scandale". Et pourtant... Dès la naissance d'Alex, elle a été complètement dingue de lui.

Elle se lève de nouveau - décidément, cette femme ne tient pas en place - et attrappe un ouvrage assez discret sur une étagère. Un album photo.

Une photo d'un bébé dans les bras de sa mère, les yeux bleus rieurs
En meme temps, personne n'aurait pu lui résister. Regarde comme il était mignon !

Une photo d'un gamin de six ou sept ans, studieusement penché sur un livre, entouré par des piles d'autres ouvrages, certaines dépassant largement sa tete
Il a été brillant dès son plus jeune age commente-t-elle. Pour les études comme pour la magie d'ailleurs

Une photo d'un jeune garçon de neuf ans, peut-etre dix, qui pratique l'escrime.
En escrime aussi, il a toujours été très doué

Une photo de deux baguettes cote à cote, dans une main d'enfant et une main d'adulte
Bois de chene et ventricule de dragon - il était si fier !

Une photo d'un pré-adolescent de onze ans en uniforme de Beauxbatons. Son regard est déterminé et enthousiaste tout à la fois.
Ooooh, regarde, c'est lui le jour de sa première rentrée. Hortense disait toujours que c'était un vrai petit gascon - mais à vrai dire, je ne sais toujours pas ce que ça veut dire.

Une photo d'un jeune homme de dix-sept ans, en costume noir, le regard sombre. Il a la tete haute, mais semble porter un poids nouveau sur ses épaules.
Ah... Le jour des funérailles de mon époux. Alex est devenu comte, après ça.Elle soupire, regrettant toujours la perte de l'homme qu'elle aimait.

Une grande responsabilité, qu'il a remplie à sa manière. Il a donné congé à la majorité des domestiques, et décidé de respecter les valeurs de la famille tout en faisant les choses à sa manière. Il aide les gens comme aucun de ses ancetres ne l'a fait avant lui. De temps en temps, Hortense se ramène ici depuis sa maison de douairière au fond du parc pour rouspéter avec lui - ou avec moi, s'il n'est pas là.

Une photo du meme jeune homme, quelques mois plus tard, en uniforme d'auror. Toute trace d'espièglerie semble avoir définitivement quitté son regard.
Une autre sur laquelle il semble avoir environ la vingtaine. Il porte une robe de professeur, et la jeune femme suspendue à son bras également.
Elle était sa partenaire chez les Aurors, et quand il est retourné à Beauxbatons pour enseigner la Défense Contre les Forces du Mal, elle est devenue professeure également. Ils sont sortis ensemble un moment, mais pour ma part, je ne l'ai jamais aimée.

La photo d'un homme de 27 ans, siégeant au burau du Directeur de BeauxbâtonsEt voilà comment un comte moldu devient le directeur d'une école de magie.Lindsey essuie une larme. Elle est très fière de son fils, cela se voit.

Un raclement de gorge retentit.Lindsey tourne la tête vers la porte dans un sursaut, comme prise en faute.Will you stop sharing all my secrets with my guest, Mama ?! proteste le sujet de votre conversation. Come now, it was hardly "secrets".

Et c'est la vérité. Car vois-tu, Lindsey t'a peut-être raconté l'histoire de son fils, mais ce n'est qu'une histoire de surface, ce qu'elle a compris de la vie de celui qui s'est montré discret et taciturne sur ses sentiments dès son plus jeune âge. Elle n'a rien dit des secrets qu'elle comprend confusément, ou dont elle ignore tout.

Elle n'a rien dit de ce père insatisfait qui se tenait dans l'ombre de la salle d'escrime, du vécu d'un jeune garçon convaincu de n'être jamais assez, et qui a assisté à ses funérailles en croyant qu'il ne serait jamais la moitié de l'homme qu'était son père.

Elle n'a rien dit du coeur tourmenté d'un jeune homme en deuil séduit par une vipère.

Elle n'a rien dit du poids qui pèse sur les épaules d'un homme chargé de deux rôles que tout oppose.

Elle n'a rien dit du tourment d'un cour qui lutte contre le devoir.

Elle n'a rien dit de cette troublante jeune femme à la détermination inébranlable et au parfum semblable au doux pétrichor sur stade de quidditch, à la cire à balais, à une bièraubeurre rafraîchissante après une victoire et à la cerise fruitée.

De l'autre côté de l'écran ~

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